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Entretien / entrevista

(extrait de l'entretien fait pour l'Ambassade de l'Equateur en France)

(extracto de la entrevista realizada para la Embaja del Ecuador en Francia) (en francés)

Votre série se nomme « Retratos ecuatorianos Â». Pourquoi ?

Notre série de Retratos ecuatorianos voudrait parler de migrants, d’enfants de migrants, de personnes pouvant se définir par leur provenance plus ou moins directe de l’Équateur. Le portrait du migrant est souvent placé dans une tension entre diverses dimensions : anthropologique, documentaire, simplement factuelle, voire même narrative ou fictive.

Retratos ecuatorianos cherche en revanche à parler de migrants en les regardant depuis le simple point de vue de leur existence, sans qu’aucune épithète ne leur soit apposée. Car le migrant, avant d’émigrer ou d’immigrer, existe. Être équatorien(ne) est un dénominateur commun aux différentes personnes photographiées : quelque chose qui rassemble et n’oppose pas à d’autres, en dépit de tous les dispositifs discursifs censés cerner le fait migratoire.

 

Quelle image cette série de portraits fixe-t-elle dans la mémoire ?

S’il s’agit bien d’un projet de portraits, le portrait n’y occupe pourtant pas tout l’espace. Je ne veux pas raconter d’histoires. Simplement, enregistrer un moment particulier, celui où la photographie devient le lieu du croisement entre la personne représentée, celle que je vois et celle que le spectateur voit en voyant sa photographie.

Sa mémoire est faite des tensions entre plusieurs dualités : le je et l’autre, le documentaire et la fiction (et leurs esthétiques respectives), l’être migrant et l’être (sans autre qualificatif). Le choix du noir et blanc et la possibilité de renverser les images sont pour moi la réponse formelle à cette mise en tension des photographies.

 

D’où le mélange entre plastique et photographie ?

C’est sans doute l’effet d’une déformation professionnelle : un mélange entre photographie, design et réflexion spatiale. Esthétiquement parlant, ma recherche est celle d’un portrait qui se trouverait entre réel et fiction, entre empathie et abstraction, entre identification directe – avec le sujet, ses gammes de gris, ses attitudes, ses poses, ses sensations – et contextualisation abstraite – dans un monde tridimensionnel créé de toutes pièces, un brin surréaliste et que l’on pourrait néanmoins retrouver dans les recoins de chaque maison.

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